[Advacs-discuss] Qu’est-ce qu’un démocrate ?

Paul Cosquer paulcosquer at aol.com
Wed Nov 5 15:52:02 UTC 2008


Qu’est-ce qu’un démocrate ?

Les démocrates sont légion. Il n´y a que cela. Lisez les professions de foi politiques et vous n´y verrez jamais une personne se déclarant opposée à la démocratie ou être partisane d´un
régime politique différent comme la monarchie absolue, la dictature fasciste ou autre autoritarisme. Pourquoi insistent-ils donc tant à faire savoir qu´ils en sont, dans un monde où
personne ne prétend ne pas l´être ? Qu´insinuent-ils donc ces démocrates apparemment futilement vantards ?


Il doit y avoir une intention idéologique occulte ou inconsciente pour qu´ils se présentent devant les électeurs par une appellation qu´ils se gardent de définir explicitement, sinon en
négatif par opposition aux autres régimes politiques cités précédemment. Pour eux, sans doute, l´étymologie grecque parle d´elle-même. Ce qui ne manque pas d´intérêt lorsqu´on sait
qu´en Attique, là où la démocratie fut inventée, 80 % de la population ne faisait pas partie du peuple. Ce n´étaient que des esclaves, des femmes et des métèques. La liberté d´
expression n´existait que pour ce reste de 20 % appelé citoyen et formait le "demos", de même pour la liberté et les droits de l´homme de l´époque. Est-ce donc cela leur modèle de
démocratie dont ils se vantent être partisans ?

Ces démocrates modernes penseraient donc dans leur for intérieur qu´il doit en être toujours ainsi, pour ceux qui se sentent ou sont privilégiés par le régime politique démocratique. Et d
´obtenir à travers des élections les gouvernants ad hoc qui sauront maintenir les privilèges de se sentir des démocrates car exerçant le pouvoir à travers ces représentants. Bien sûr,
maintenant l´exclusion n´est plus une question de discrimination explicite de la population, mais de l´usage efficace des outils démocratiques modernes, comme les idéologies
manipulatrices, de la liberté d´expression sélective, d´une multitude de partis démocratiques, de leurs financements et des embûches légales de toutes sortes. Ces instruments
permettent de mettre au pouvoir essentiellement des démocrates ad hoc, choisis par les partis et présentés au bon peuple manipulé pour qu´il choisisse parmi eux les démocrates
officiels et de l´opposition, aux officiels naturellement, pas à la démocratie.

Dans les deux cas, antique ou moderne, le mode de production, esclavagiste ou capitaliste, est toujours un mode d´exploitation du travail humain au profit d´une classe sélecte de
démocrates : ceux qui exercent le pouvoir (au nom) du peuple et qui, on les comprend, trouvent enviable la démocratie qui permet de s´auto-perpétuer par l´alternance dite
démocratique bien huilée après plus d´une centaine d´années de bavures et de révoltes sanglantes de non-démocrates qui ne savent pas comment heureux ils sont de vivre en
démocratie, qu´ils acceptent pourtant.

Les démocrates induisent donc dans l´esprit des électeurs l´idée qu´ils vivent déjà en démocratie et qu´il ne faut donc rien changer de ses formes apparentes actuelles sous peine de
perdre ce grand privilège. Et comme les formes de notre démocratie sont celles qui permettent le pouvoir de la classe bourgeoise sur le reste du peuple, c´est une manière de les forcer
à penser que le capitalisme et la démocratie, c´est la même chose. Comme d´ailleurs était la même chose démocratie antique et l´esclavagisme, puisque ces démocrates modernes se
complaisent à dire que la démocratie date de cette époque, sous d´autres formes, mais avec le même fond d´exclusion de ceux qui n´ont pas la liberté d´en profiter.

Qu´ont-ils donc de si particulier ceux qui se disent démocrates, à tout propos, pour toute pensée politique et qui les distinguerait des autres ? Il suffit de connaître la pensée politique de
ces autres. De qui ? De ceux qui n´éprouvent pas le besoin d´insister sur l´évidence, pour vivre justement en démocratie qu´ils osent qualifier, eux, de bourgeoise. Qu´ils ne trouvent
justement pas assez démocratique et qui luttent pour un monde meilleur dans lequel le peuple pourra librement vivre en paix et avoir la garantie de pouvoir se nourrir, s´abriter, s´
éduquer, se soigner et se divertir dans la justice sociale et en accord avec le niveau de développement et ressources de leur société.

La réponse est simple ! C´est pour se donner bonne conscience devant la société capitaliste actuelle qu´ils jugent à juste titre injuste, mais dont ils veulent assurer la pérennité en
maintenant la propriété privée des moyens de production, en raison de leur égoïsme refoulé. Car c´est justement cette injustice qui leur permet d´être parmi les privilégiés. Alors ils ne se
disent pas partisans du capitalisme, mais partisans du démocratisme en feignant de croire que démocratisme et capitalisme sont la même chose. Car le mot en soi est bien plus
sympathique que capitalisme.

La substitution euphémistique a une base objective. On entend généralement par "démocrate" le partisan d´un système de gouvernance que l´on désigne par "démocratie" et non celui
qui gouverne. Ce régime politique dont tout le monde accepte la signification étymologique a pris naissance sous sa forme moderne avec l´apparition de la dominance du mode de
production capitaliste au cours du XVIIIe siècle et la prise conséquente du pouvoir politique par la bourgeoisie.

Cette signification du mot démocrate est devenue étymologiquement fausse et trompeuse au fur et à mesure que la bourgeoisie cessa de représenter légitimement les intérêts du peuple
tout entier comme c´était le cas sous l´ancien régime. Elle ne sert les intérêts que de ceux qui considèrent en être les bénéficiaires au point de croire qu´ils exercent effectivement le
pouvoir et sont donc des démocrates. Car c´est bien ce que signifie le mot démocrate : Celui qui exerce le pouvoir du peuple (au nom du peuple) sans la précision Lincolnienne du "pour
le peuple."


Le démocratisme ou la démocratie est un régime politique et n´est pas un mode de production. Il y a une volonté consciente des démocrates de confondre ces deux catégories
parfaitement distinctes. De confondre le politique et l´économique afin de rester au niveau politique et maintenir le mode de production capitaliste en crise. Il existe depuis 1917 des
démocraties socialistes ou populaires, comme Cuba, la Chine, le Vietnam, la RPDC… qui ne sont pas des démocraties bourgeoises.

Aristocrate, bureaucrate, technocrate, ploutocrate, gérontocrate, théocrate, phallocrate… c´est clair que le suffixe "crate" imprime un sens péjoratif, confirmé par le caractère dépréciatif
qu´inspirent ces quelques mots de la liste desquels, curieusement, Wikipédia exclu "démocrate", pourtant de loin le plus utilisé, mais peut-être parce qu´il n´est pas encore suffisamment
déprécié. De se trouver en telle compagnie devrait être désolant et troublant pour ceux qui insistent à se présenter comme démocrates, mais très satisfaisant pour les autres : les
démocratistes.

Les démocrates ne sont que ceux qui exercent effectivement le pouvoir (au nom) du peuple. L´aristocrate est bien le membre de la classe des nobles (aristocratie) qui exercent
effectivement le pouvoir, et non le partisan de la royauté. De même, le bureaucrate est bien celui qui de son bureau exerce un pouvoir et non celui qui est partisan de la bureaucratie. Et
ainsi de suite…

Il est évident que l´aspect péjoratif du suffixe provient de sa signification "pouvoir" qui a toujours été méprisé ostensiblement ou en sourdine par le peuple qui le subit. Cette terminaison
ne peut en aucun cas signifier "être partisan de", il n´y a d´ailleurs aucun autre exemple avec cette signification d´acceptation ou d´adhésion.

Les démocrates méritent plus que jamais cette auto-qualification péjorative. S´ils sont des véritables partisans du "pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple", alors ils doivent se
nommer démocratistes, en conformité avec la définition de Lincoln. Le terme démocrate restant réservé pour nommer ceux qui exercent effectivement le pouvoir au nom du peuple, mais
pour le peuple en son entier et non pour eux exclusivement.

Les démocrates ont le but inavoué, conscient ou non, de mieux justifier l´indéfendable, c´est-à-dire la pérennité de l´exploitation de l´homme par l´homme, en critiquant le capitalisme pour
l´améliorer, mais en rejetant tout autre solution à sa crise qui relèverait de son dépassement dialectique tel que prévu par l´analyse marxiste de l´Histoire (matérialisme historique). Ils ne
défendent plus le capitalisme ; ils défendent la démocratie, c´est-à-dire par insinuation : le capitalisme.

Pour ces "petits-bourgeois" démocrates la tentation est irrésistible de rechercher des solutions à la crise du capitalisme sans remettre en cause celui-ci car cela ferait d´eux des
marxistes. Quelle horreur ! Comment dépasser le capitalisme sans être révolutionnaire ? Voilà le grand dilemme des démocrates qui ne font depuis quelques temps que proposer des
"améliorations" sans jamais évoquer la question cruciale de la propriété des grands moyens de production de distribution et de financement. Celle-ci devrait passer dans les mains de la
nation pour que la démocratie qu´ils revendiquent ait aussi le pouvoir économique, le véritable pouvoir.

Comme si le mode de production capitaliste était pérenne, que la Révolution socialiste ne pouvait se produire, et que le matérialisme historique qui la prévoit en réponse dialectique aux
contradictions avait été réfuté. Par qui ? Oú ? Et quand ?

Un "démocratiste" milite pour le remplacement révolutionnaire du capitalisme comme mode de production dominant. Il est partisan de la seule et véritable démocratie, celle du pouvoir
du peuple, pour le peuple et par le peuple, celle qui permettra dans ce siècle d´installer le socialisme dans les puissances occidentales, le socialisme du XXIe.

Cette démocratie véritable ne pourra être vue que comme une dictature du prolétariat de la même manière que la démocratie bourgeoise n´est en fait que la dictature de la bourgeoisie,
au sens des catégories marxistes : dictature et classes sociales. Dictature du prolétariat ne signifie pas élimination de la bourgeoisie, elle signifie le symétrique de la dictature de la
bourgeoisie, c´est-à-dire que ce sera le prolétariat qui dirigera l´économie dans les faits. De toute façon cette classe haute bourgeoise se réduit de plus en plus en nombre d´individus au
fur et à mesure que sa part relative du capital privé croît.

La démocratie n´est pas contradictoire avec la dictature d´une classe sur une autre, car c´est la dictature démocratique d´une classe en opposition au totalitarisme de cette classe, qui
sous le mode de production capitaliste est le fascisme et sous le mode socialiste a été le stalinisme. La différence est que la classe des prolétaires est bien plus nombreuse que la
bourgeoise.

Il est significatif qu´au cours du siècle passé et même celui-ci, des dictatures bourgeoises fascistes et non démocratiques aient apparu lorsque la bourgeoisie perdait partiellement le
pouvoir politique au cours d´élections parfaitement démocratiques. Et que des mouvements fascistes apparaissent en Equateur, Bolivie, Nicaragua, Venezuela, là où justement des
peuples reprennent en main leurs ressources et une bonne part du capital étranger… en toute démocratie bourgeoise quoi qu´en disent ces mouvements violents.

Le démocrate ne serait-t-il que peu démocratiste et deviendrait facilement fasciste dès que ses privilèges sont en danger ?

Le suffixe grec "crate" signifie pouvoir comme nos démocrates ne le savent que trop bien. Car ils l´aiment bien le pouvoir, le leur à ne pas en douter, mais certainement pas celui des
prolétaires, c´est-à-dire de ceux qui ne possèdent pour toute richesse que leurs enfants (proliférer), et qui forment pourtant l´immense majorité et sont donc le peuple. Celui-ci se distingue
de l´élite possédante (bourgeoise) qui gouverne pour elle-même dans nos démocraties que l´on qualifiera de bourgeoises, mais que les bourgeois ne qualifieront jamais : c´est leur
démocratie à eux, et il serait vraiment dangereux de laisser croire au peuple qu´une démocratie pourrait être autre que bourgeoise en la qualifiant comme telle.

Je précise de suite, pour les bourgeois en recherche permanente de réfutations par des "raisonnements" en boucle sur l´Histoire décrite et analysée par eux-mêmes, que l´on entend par
richesse les moyens qui permettent de s´enrichir. De s´enrichir encore et encore plus par l´appropriation du travail des autres grâce à un capital initial, que celui-ci ait été obtenu par
héritage, par le vol ou le pillage et jamais plus par sa propre force de travail.

Pour les démocrates, les catégories marxistes ne valent rien, puisqu´elles sont marxistes et servent à expliquer rationnellement les contradictions antagonistes de classes et dont ils ne
veulent pas entendre parler. Ils feront n´importent quelles circonvolutions rhétoriques pour éviter d´utiliser pertinemment les définitions marxistes afin de mieux en dévoyer leurs sens. "On
sait ce que cela a donné", diront-ils en chœur dans le meilleur des cas à ceux qui osent blasphémer. Et dans les autres, de vous jeter à la face du Pol Pot, du 100 000 000 de morts, du
goulag et autres affirmations plus idiotes que tautologiques. Les démocrates ont des raisonnements implacables et n´usent jamais de la langue de bois. Ils usent et abusent des clichés
imposés par centaines d´années de propagandes anticommunistes, qui ne sont en fait que de la rhétorique trompeuse acceptée comme joker justifiant l´égoïsme refoulé de gens qui se
sentent privilégiés sous le capitalisme occidental.

La pensée marxiste motivée par une éthique, celle de la justice sociale, est le véritable semeur de conscience qu´ils redoutent, comme le Vatican qui y voit à juste titre une conception
globale du monde concurrente de la sienne, très sérieuse, scientifique, bâtie sur la connaissance accumulée et non sur l´ignorance crasse.

Les démocrates (ceux qui se targuent d´en être) sont donc des petits-bourgeois qui ne pensent que pour la pérennité du capitalisme dont ils essaient à coups de rhétoriques hypocrites
de substituer l´appellation à celle de "démocratie", mais sans le dire explicitement afin qu´elle paraisse naturelle, comme venant de soi. Encore quelques années, quelques guerres "pour
la démocratie" et la substitution sera entrée dans les esprits, sanctifiée en quelque sorte, et ceux qui s´y opposeront seront des blasphémateurs, des révisionnistes, voire des
négationnistes puis des "suppôts des terroristes" qu´il faudra enfermer dans des goulags, pardon, des Guantanamos…

Dès lors, quiconque propose la nationalisation des grands moyens de production, de financement et de distribution comme solution à la crise, ne peut être un démocrate car minant le
principe du capitalisme, c´est-à-dire de la démocratie (bourgeoise cela va de soi).


Pourvu que cela dure ! Voilà leur doctrine en mal de conscience ; c´est ce qui ressort en lisant leurs tentatives vaines de s´en donner une bonne, tant ils font preuve d´un antimarxisme
patent en évitant ostensiblement de s´y référer, mais, au mieux inconsciemment, pour sauver le capitalisme d´un effondrement bien réel qui ne peut qu´aboutir à son maintien par un
système de gouvernement fasciste occidental sur le reste du monde, par la guerre impériale occidentale dirigée par les Etats-Unis.

"Socialisme ou barbarie", disait déjà Rosa Luxemburg. Puisque assassinée par la bourgeoisie de son époque après la première guerre impérialiste capitaliste bourgeoise, elle n´a pas
connu la barbarie qu´elle pronostiqua et qui ne fut rien d´autre que le fascisme qui s’ensuivit et qui visait, impulsé par la haute bourgeoisie française et anglo-saxonne, le socialisme
naissant et dur à cuire en URSS qui venait de résister à la guerre civile. Le fascisme occidental s´installait pour éviter la solution socialiste des Spartakistes à la première grande crise
capitaliste et pour renverser l´URSS. Ce que comprirent Staline et les communistes de l´internationale qui s´alignèrent sur Staline pour la survie de l´URSS…

Le fascisme est un système de gouvernement capitaliste, comme nos démocrates oublient systématiquement de le préciser. Ils préfèrent l´appeler système totalitaire pour y englober
dans l´opprobre le socialisme qui pour eux ne peut qu´être totalitaire par nature, pas comme le capitalisme.


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